Ars Cultura

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Brèves d’idées pertinentes

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Tout le monde sait que la criminalité découle de la pauvreté, n’est-ce pas ? Eh bien détrompez-vous car, si l’on en croit les archives de la ville de Venise, rien n’est moins sûr. On y découvre en effet que la petite minorité des nobles, de loin la classe la plus aisée de l’époque, commettait au prorata la plupart des crimes ! On retrouve la même situation à Lyon au XIVème siècle. Autre particularité qui les distinguent des autres détenus, les nobles incarcérés lisaient beaucoup moins de livres que les autres – en d’autres termes ils étaient moins cultivés. On suppose donc que, plutôt que le niveau de richesse, la culture joue un rôle majeur.

Autre aspect que l’article n’évoque pas : si l’argent octroie du pouvoir, donc de l’influence et une certaine largesse, n’est-ce pas normal de voir les riches recourir à la violence ? N’est-ce pas normal que le pouvoir incite ainsi à se faire justice soi-même, sans avoir à se soucier des répercussions de nos actes ?
Et si nous avions tout compris de travers ? Et si la violence était donc un signe de… statut social ?

Source : Jailbirds of a Feather Flock Together, Crémieux Recueil, Aporia Magazine : https://www.aporiamagazine.com/p/jailbirds-of-a-feather-flock-together

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« Finalement, les nazis n’avaient pas tout à fait torts… »
C’est la conclusion, difficile à avaler pour certains chercheurs, qu’on pourrait tirer des études génétiques récentes au sujet des peuplades préhistoriques d’Europe. Elles font état d’un remplacement brutal et violent des populations néolithiques qui a commencé il y a 5500 ans. Dans certaines régions, comme en Scandinavie, les populations pré-modernes ont totalement disparu du génome – en d’autres termes, elles ont été complètement éradiquées. À l’origine de ces invasions violentes, un faisceau de peuples ancêtres de nombreuses grandes civilisations : les indo-européens – qu’il serait plus commode d’appeler les “aryens”, du terme arya par lequel ils se désignaient – dont la tradition guerrière a permis de subjuguer les anciennes populations d’Europe et du Proche-Orient. Les marqueurs chromosomaux de ces peuples, R1a et R1b, se retrouvent partout d’Europe jusqu’en Inde et la grande famille des langages indo-européens, qui s’étend du hittite au perse en passant par le sanskrit et le grec ancien, y correspond. Certaines dynasties de pharaons, comme celle de Toutankhamon, porte même ce marqueur génétique…

Source : Facing Facts, even fraught ones the quest for proto-Indo-Europeans in 2023, Razib Khan, https://www.razibkhan.com/p/facing-facts-even-fraught-ones-the

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Qu’est-ce qui compte le plus, le physique ou la personnalité ?
L’inénarrable Alexander @datepsych relate des résultats scientifiques qui tranche sur cette éternel question : les deux mon général !
En effet, la plupart des études admettent une corrélation du même ordre entre l’attraction et la beauté physique d’une part et l’expressivité d’autre part, la première jouant un rôle plus prépondérant dans les premières phases d’une rencontre contrairement à la seconde.

We are attracted to beautiful, expressive people.

Mais le propos est un peu plus nuancé que l’extrait précédent pourrait le faire penser :

“What we did not expect was that after nine weeks of conversations, activities, work tasks, and even trips with others that the impact of nonverbal expressiveness and physical attractiveness did not get overshadowed by all the things a person said and did during all of these different social situations and activities.
[…]
We suspect that people love their partners because of what they do, not because of how beautiful and expressive they are. Yet, the results here suggest these factors play a role in determining how much we like our friends, colleagues, and perhaps partners.

Source : Fultz, A.A. et al, “Nonverbal Expressivity, Physical Attractiveness, and Liking: First Impression to Established Relationship”, J. Nonverbal Behav. (2023): https://doi.org/10.1007/s10919-023-00444-7 [accessible ici : https://gwern.net/doc/sociology/2023-fultz.pdf]

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Lorsqu’on demande aux hommes célibataires pourquoi ils sont célibataires, on a souvent affaire à une litanie d’excuses pour justifier leur situation : “on peut porter plainte contre toi si tu abordes une fille dans la rue”, “en entreprise ? ça ne se fait pas”, etc. Bien souvent, les raisons invoqués sonnent plutôt fausses et pour cause, il semble qu’il y a une constante : les hommes ont peur. Peur du risque, de l’imprévu, de l’altérité. Une tendance qui se manifeste, sans surprise, très explicitement chez la jeune génération. Les jeunes hommes n’essayent même plus, c’est en tout cas l’opinion du créateur de la chaîne Youtube @alex.datepsych centrée sur la recherche sur les relations hommes-femmes. L’incroyable solitude des jeunes et la baisse drastique à venir de la fécondité trouveraient donc aussi leurs réponses dans ce genre de phénomènes, global et délétère, dont les principaux marqueurs sont déjà connus depuis un bon moment : on constate notamment un déclin marqué des comportements à risque typiques des adolescents, devenant ensuite des adultes prudents voire peureux.

Sources :

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Deux jumeaux monozygotes (“identiques”), sportifs chevronnés, se sont entraînés selon le même programme pendant 3 mois, l’un avec des sessions de 20 minutes et l’autre avec des sessions de 40 minutes. Ils ont ensuite mesuré leurs performances et le résultat est surprenant : si l’endurance de Ross (consommation maximale d’oxygène ou “VO2 max”), qui s’est entraîné plus longtemps, était meilleure, sa résistance musculaire ne l’était pas comparé à son frère Hugo !
Bien que ce soit une expérimentation isolée, ce résultat fait écho à d’autres études sur le sujet.

Sources :

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Nous savons que toutes les formes d’intelligence sont corrélées, à divers degrés. Le concept « d’intelligence générale », qu’on appelle aussi facteur général ou simplement facteur g, caractérise la relation qu’entretiennent tous les types de tests d’aptitudes cognitives. Dans le domaine de la psychologie, certains chercheurs ont imaginé un concept similaire pour l’évaluation de la personnalité : le facteur général de personnalité, dont les fondements sont avérés par les études psychologiques. Cela devient amusant lorsque l’on constate, si l’on en croit Aporia Magazine, que ces deux facteurs corrèlent ! Mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises, car si l’on prend en considération l’attractivité physique, on remarque… qu’elle corrèle aux deux premiers ! La question devient donc : à quand un « facteur général de survie » qui englobe la forme, le fond et la plastique ?
N’oubliez donc pas que, contrairement à ce que veulent vous faire croire les rancuneux, le beau est bien souvent le bon !

Source :

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Nikola Tesla nour parle des stimulants :

[Le café et le thé sont de] délicieuses boissons qui surexcitent et qui épuisent progressivement les fibres fines du cerveau. Elles perturbent aussi gravement la circulation artérielle et doivent être consommées avec d’autant plus de parcimonie que leurs effets délétères sont lents et imperceptibles.

Le tabac, quant à lui, détend et facilite l’effort intellectuel original et vigoureux.

Le chewing-gum est utile pendant un court laps de temps, car il épuise rapidement le système glandulaire et cause des dommages irréparables, sans parler du dégoût qu’il suscite.

L’alcool en petites quantités est un excellent tonique, mais son action est toxique lorsqu’il est absorbé en plus grandes quantités.

Extrait complet : ici.

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Bill François évoque dans son ouvrage Le Plus Grand Menu du Monde comment l’histoire de la civilisation est étroitement lié, selon lui, à celle… du blé. Il voit même en cette relation symbiotique la raison de l’avènement de la propriété privée, une vision naturaliste aux antipodes des dogmes idéologiques que les évolutionnistes ne renieraient pas.

On oublie souvent en parlant des espèces qu’on consomme qu’on ne fait pas que les consommer : on les sélectionne, on les transforme et elles nous transforment aussi et c’est en cultivant le blé qu’on a créé la propriété privée sédentarisée. On peut voir cela comme un lien avec une espèce et nos civilisations occidentales se sont bâties sur le blé et on s’est sédentarisé. Alors on l’était un petit peu avant mais ça y a grandement participé car on a commencé à faire des greniers, à constituer des stocks agraires, et par ricochet à partir de là on a essayé de conquérir d’autres territoires.
Ce qui est amusant c’est que d’autres civilisations se sont alliées avec d’autres plantes et ont d’autres histoires très différentes. Pour celles qui se sont alliées avec le riz, ça fait des histoires conquérantes similaires à la nôtre parce que c’est aussi une plante qu’on peut stocker, mais celles qui se sont alliées avec le manioc, par exemple en Amazonie (on a l’image que les Indiens d’Amazonie sont des chasseurs-cueilleurs mais en fait ce sont principalement des cultivateurs), la forêt amazonienne est une zone cultivée en grande partie, notamment de manioc. Et bien eux qui cultivaient le manioc le laissait sur pied (parce que c’est beaucoup plus simple) et comme il pousse sous la terre, on ne peut pas vraiment évaluer combien il y en a. Par conséquent : pas de propriété, pas d’impôts et pas besoin de faire des stocks, pas besoin d’amasser. Ils ont donc vécu sans ces concepts pendant des millénaires sans problème grâce au manioc.

Son entretien fascinant avec Frédéric Taddéï peut être vu en intégralité sur YouTube : https://youtu.be/DIhqnFpFwrs?t=1711.

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Dans Comment Vivaient nos Ancêtres ?, Jean-Louis Beaucarnot décrit les veillées dans les campagnes françaises (p. 265) :

« C’est une vieille coutume en ce pays et [je] croy partout ailleurs, de se retrouver amassés chés quelqu’un du village au soir, pour tromper les longueurs des nuits, et principalement l’hyver. »
[…]
À la nuit, tout le monde arrive, et aussitôt les doigts comme la langue vont bon train. Hommes, femmes, vieillards, enfants, chacun travaille à quelque ouvrage. […]
Tout en travaillant, on peut écouter une lecture, lorsque quelqu’un sait la faire. On lit de petits livres drôles comme L’Art de péter ou La Consolation des cocus, mais surtout l’almanach. Sinon on se raconte des histoires. […] On parle aussi des défunts et des légendes, dont les récits sont tour à tour merveilleux lorsqu’il s’agit de fées et autres dames blanches, ou terrifiants lorsqu’on évoque les bêtes pharamines[.] […] Les refrains des chansons sont repris en chœur. […]
Partie de colin-maillard et danses ne sont pas toujours dénuées d’innocence. Dans les veillées, les jeunes ne se privent souvent pas de « draguer », au vu et au su de tous. […] « Les filles, leurs quenouilles sur la hanche, filaient : les unes assises en lieu plus eslevé, sur une [huche] ou [un pétrin], à fin de faire plus [ostensiblement] pirouetter leurs fuseaux, non sans être espier s’ils tomberaient : car en ce cas y a confiscation rachetable d’un baiser. » Certaines se montrent ostensiblement maladroites et les gars de réclamer leur salaire pour les avoir ramassés.

Ce genre de scènes est évidemment inimaginable aujourd’hui. Pour qu’elles adviennent de nouveau, il faudrait que tous les participants y consentent. Changer la réalité sociale n’est jamais l’œuvre d’un individu (par définition) mais est toujours le produit d’une immanence collective inconsciente. Toute la volonté d’un homme ne pourrait s’y suffire. Chacun d’entre nous est à la merci de la coutume sociale dominante, pris en tenaille entre la dépopulation et le primat des réseaux sociaux virtuels. Seul un mouvement de ségragation des jeunes adultes du reste de la population pourrait amorcer un début de résolution du problème.
Et comme rien ne se construit sans communauté, je préfère vous prévenir : beaucoup de choses vont tomber.

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C’est l’intuition de Jonathan Blow depuis un certain temps déjà : nous assistons à un léger mais perceptible déclin technologique, d’abord en termes de software mais également de hardware. Le développeur américain a d’ailleurs commis une conférence absolument remarquable sur le sujet. Et de récents benchmarks des nouveaux processeurs Intel confirment la tendance : la 13ème génération de CPU Intel est moins performante que la 10ème !
L’accumulation de la complexité des nouveaux systèmes software et la compréhension de plus en plus parcellaire qu’en ont les jeunes générations rend d’autant plus difficile la prévention de ce problème.

En un mot comme en cent, les conditions du déclin technologique progressif sont réunies. Ma prédiction est qu’on assistera à une lente perte d’utilité et de performance des technologies informatiques, qui vont se dégrader sous le poids de leur propre complexité. Il ne faut plus s’attendre à des innovations majeures en la matière, et s’écarter des métiers qui reposent trop sur la technologie informatique.
Vous êtes prévenus.

Sources :

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Raymond Peat est un nutritionniste célèbre dans certains recoins de l’Internet. Confronté au cours de sa vie à de nombreuses pathologies, il a su, non sans une certaine audace qui rappelle la figure du scientifique fou, expérimenter sur son propre corps pour valider ou infirmer ses théories. Une communauté d’adeptes s’est fait l’écho de ces préceptes qui mettent l’accent sur le bon fonctionnement de notre métabolisme.
Un de ses dadas est la dangerosité des huiles végétales : il prétend en effet qu’elles sont toxiques pour notre corps car elles détraquent la production d’énergie. Je n’ai jamais été entièrement convaincu par cette théorie, mais un article de l’excellent blog Experimental Fat Loss m’a presque convaincu de sa pertinence. Pour l’auteur, toutes les grandes questions de l’obésité sont explicables par la consommation accrue d’huiles végétales, et il soulève de nombreux points pertinents, comme la corrélation entre le raffinement de l’huile de colza pour la consommation humaine et les débuts de l’explosion de l’obésité dans les années 1970.

Reste, pour moi, une inconnue : l’huile de noix et sa consommation, à priori significative, en France. Nous aurions dû observer une concentration des problèmes métaboliques dans les régions où elle est le plus consommée (le sud-ouest de la France, probablement). Cependant, dans la mesure où l’on ne cuisine pas quotidiennement avec, on peut supposer que l’apport reste négligeable et/ou que notre métabolisme a su s’y adapter au cours des siècles.

Références :

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On sait depuis longtemps déjà que la natalité des Amish aux États-Unis est bien plus élevé que celui de la population générale. Mais en examinant les chiffres, un démographe américain a fait deux trouvailles surprenantes.[^src]

Les données de certaines études permettent de distinguer les femmes Amish ayant eu accès à un téléphone portable des autres. On constate alors que ce sont les femmes de foyers sans téléphone qui ont le plus d’enfants.[^src2] Autre détail remarquable et presque contradictoire, on observe que les fluctuation du taux de fécondité de la population générale se retrouve chez les Amish. Autrement dit, lorsque la natalité du reste du pays diminue, celle des Amish suit la même tendance… Ce qui est étrange puisqu’ils ne partagent pourtant quasiment rien : leurs mœurs sont complètement différentes, leur niveau technologique est incomparable, ils sont ségrégés territorialement, etc. Demeure une hypothèse : c’est par les échanges économiques entre les Amish et leurs homologues américains que se “transmettent” les changements démographiques. Plus que la culture et la génétique, c’est donc le primat de l’économie que ce fait inattendu souligne. Les marxistes jubilent !

Sources :

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Et si l’effet Flynn était principalement dû à l’exode des cerveaux ruraux vers les villes ? se demande @Steve_Sailer.

Confrontés à la logique machinique du monde moderne et à ses catégories abstraites, ils réussiraient alors mieux la plupart des tests - d’où l’effet Flynn.

Source :

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Observation purement empirique qui pourrait expliquer la natalité des gens intelligents: l’intelligence détruit la polarité sexuelle.
Les hommes intelligents sont en moyenne plus féminins que les autres hommes et les femmes intelligents plus masculines que les autres femmes.

— Eurus @vico_respecter, https://twitter.com/vico_respecter/status/1559609557994901504